FRANCE INFO du 24-11-2005 – Claire Baudéan
« Solo de clown pour adultes accompagnés, tenté par l’exercice de la psychanalyse » Emma y va fort d’entrée de jeu, en annonçant sur son flyer la teneur de sa performance, mais allez-y les yeux fermés, c’est vraiment une heure trente de plaisir, les psys sont d’ailleurs largement conviés à ce solo endiablé, petit chef d’œuvre d’humour qui n’a rien de péjoratif pour les adeptes du divan, au contraire.
Imaginez donc un clown femme, genre cheftaine, jupe plissée grise et chemise bleue avec cravate brodée, chapeau et nez de clown comme il se doit, mais violet et un peu vinassé…
Elle rentre en scène Emma et s’affale sur le divan avec ses chaussettes jacquard et son orteil qui sort de sa chaussure troué…
« J’ai envie d’mourir, nous dit-elle d’entrée avant de se lancer dans une théorie façon cliché sur la psychanalyse, qui pour le coup vous fera mourir de rire, genre : le toi, le surtoi, le tout toi c’est pas toi, avec piles de bouquins qui tombent du ciel, Lacan et Freud version Emma, ne ratez pas.
Elle joue vraiment sur l’intelligence des spectateurs, Meriem Menant de son vrai nom, et elle dit « on va jouer à c’est ki ki fé le psychanalyste » en choisissant parmi le public un homme ou une femme qui sera son référent pendant tout le numéro. Et elle l’invite à venir confier ses affres vraiment, heureusement tout le monde reste tranquille, personne ne tient à franchir le chemin de la salle au divan et donc c’est Emma qui s’y colle à la séance de thérapie et là franchement, on en voit de toutes les couleurs.
« Chui tranquille, j’ai pas d’inconscient » répète-t-elle tout le temps.
Un abat-jour capteur de rêves, les siens et ceux de deux spectateurs, une boîte à surprises qu’elle appelle Malabar, dont elle sort plein de chewing gum, un p’tit tambour pour un inénarrable Boléro de Ravel avec aiguilles à tricoter en guise de baguettes, un vieux tourne-disque, des gros gants de boxeur, Emma s’enregistre dans le rôle du psy et va se recoucher sur le divan pour donner les réponses. Elle est vraiment drôle Emma, chante, danse, joue de la flûte traversière. Elle joue d’une belle gaucherie dans son long corps de scout girl et d’un délire communicatif qu’elle saupoudre durant tout son show avec cigare, whisky, et un débit de gags ciselés.
Maintenant qu’on l’a rencontrée, Emma, on ne va plus la quitter et chez le psy on va y aller plus relaxé.